Anna-Helena Kummerli

L’HISTOIRE D’UNE PASSION

Kodachrome Basin et Grosvenor Arch

Quand vous quittez Bryce Canyon en direction d’Escalante et Boulder, n’oubliez jamais de prendre le temps de passer par Kodachrome-Basin. C’est petit, ramassé, mais de toute beauté. Passer une soirée au camping ou dans un des 5 cabanons est encore dans mes projets que je vais certainement le réaliser un jour et qui sait, peut-être avec des personnes qui aiment faire du cheval, ce qui serait merveilleux.

A quelques miles de Kodachrome-Basin, il y a une fameuse arche. Le Grosvenor! Il faut suivre une piste (seulement par temps sec évidemment) et rouler vers le sud. Le Grosvenor-Arch est seul et blanc, ce qui est exceptionnel dans un paysage, ou le rouge domine, au milieu de ce Grand Staircase Escalante monument nationale. Ce “parc” a été créé par le président Clinton et, malheureusement est très contesté car le gouvernement actuel ne pense qu’au profit. Pourtant c’est une chance pour les amoureux de la nature d’avoir voulu préserver ces beaux paysages. Le détour vaut vraiment la peine. Vous pouvez aussi continuer sur la piste jusqu'à la route nationale de Kanab-Page et aller visiter le Lake Powell. C’est très sauvage et intéressant. L’itinéraire dépendra de la suite du voyage. Souvent je fais le voyage dans l’autre sens et j’arrive à Bryce, venant du Lake Powell, ce qui me permet de faire toute la piste du Cotton-wood, laquelle est merveilleuse.

Escalante - Boulder - Capitol Reef
La route de Bryce à Capitol-Reef est une des routes les plus spectaculaires de l’Utah. Si vous partez tôt le matin pendant le printemps, faites juste attentions aux dizaines de petits lapins qui essaient de traverser la route devant vous. C’est souvent une hécatombe et fait pitié à voir. A Escalante, il y avait un très bon restaurant de “village” pour un petit déjeuner/lunch. C’était très familial et bon, et je m’y arrêtais souvent. Malheureusement, à cause de disputes familiales, ce café n’existe plus. En face, il y a le motel “Proctor” et, à un certain moment, un très bon restaurant, lequel servait le matin un vrai café fort à l’italienne et si vous aviez de la chance, le serveur-cuisinier-propriétaire, un homme charmant d’origine hongroise, vous faisait l’honneur d’un baise-main inhabituel pour les U.S.A. J’ai fait quelques bons repas dans le coin et j’ai toujours eu du plaisir à retrouver les gestes et coutumes charmants, souvent oubliés de nos jours. Malheureusement, il est parti et a ouvert un restaurant à Phoenix et fait maintenant le bonheur d’autres dames.

Depuis Escalante, on peut vraiment partir à la découverte du “Grand Staircase Escalante”, un monde encore un peu préservé du grand tourisme. C’est toujours grâce à Trudy et Jean-Pierre que j’ai eu la chance de le visiter à plusieurs reprises. Un matin, avec notre voiture 4x4, nous sommes partis en direction du “Hole in the Rock”, mais en sachant, à l’avance que nous n’irions pas si loin ce jour-là. Nous voulions découvrir les “slot-canyons” et au bout d’une heure de piste, nous avons laissé notre voiture pour commencer une belle descente vers le “Spooky canyon”. Du sable rose et fin comme une belle plage vierge et en bas, des formations de rochers bizarres avec des fentes étroites de très belles couleurs. Nous entrons dans le premier “slot canyon”-le “spooky”. C’est vrai qu’il peut faire peur, tellement il est étroit. A un certain moment, nous avons du laisser Jean-Pierre en arrière, car il est plus gros que nous. Même Trudy et moi avions quelque peine à passer à certains endroits et pourtant nous ne sommes pas grosses. C’est de toute beauté et mystérieux, ainsi qu’un peu angoissant, car on ne sait jamais ce que l’on va trouver au tournant suivant. Il y a tout un dégradé de beige de rose et de rouge plus vif et en dessus, une petite fente de ciel bleu. A un certain moment, nous entendions un bruit insolite et plus nous avancions, plus important il devenait. Finalement nous prenons peur, car il nous semble que c’est le bruit d’un chat furieux et nous pensions à un puma ou du moins à un lynx. Bref, dans notre imagination, à tort ou à raison, le bruit est celui d’un gros fauve et nous rebroussons chemin, avant que la bête puisse nous sauter dessus!! Nous retrouvons Jean-Pierre tranquillement installé, ignorant tout de nos angoisses. On ressort à l’air libre pour aller voir le Peek-A-Boo canyon. Là, je ne peux pas m’empêcher, malgré que j’ai atteint l’âge de raison depuis un bon moment, de grimper “le mur” pour voir à l’intérieur du canyon, mais comme mes amis ne m’accompagnent pas, je renonce à explorer plus loin et la descente est bien plus difficile que la montée et permet à Jean-Pierre de faire quelques photos d’une Helena affolée.

Voila, pour notre première visite des slot-canyons. Quand nous sommes revenus 2 ans plus tard, nous ne pouvions pas y entrer, car la pluie des jours précédents avait rendu l’accès boueux et dangereux. Ca ne nous à pas empêché d’aller vers le “Hole in the Rock”. Nous avions bien une voiture 4x4, mais à un certain moment, il n’était simplement ridicule de risquer d’aller plus loin en voiture et nous avons commencé à marcher. Je me souviens d’avoir dit à mes amis que le fameux passage que les Mormons avaient creusé dans la roche ne devait être qu’à 3-4 km, mais en réalité il s’agissait de 7 à 8 km (un chemin). Le soleil de 11h du matin, même du mois d’octobre, tapait fort sur nos tètes et épaules, mais nous voulions SAVOIR! Finalement, nous voyons de loin une trouée dans la roche et avançons plus vite, mais ça nous prends quand-même encore presqu’une heure pour y arriver et là.....miracle....à nos pieds, 200 mètres plus bas, le bleu du lac Powell. Ces Mormons étaient drôlement courageux de tailler ce passage dans la roche, pour arriver vers ce qui est aujourd’hui le lac Powell, mais ce qui était simplement le Colorado. Ils ont treuillé leurs charriots démontés et plus que 1000 têtes de bétail en bas de cette paroi, pour finalement trouver une nouvelle patrie vers la San Juan River “quelques jours ou semaines” plus loin. Quel exploit! Pour descendre vers le lac, il faut être un peu escaladeur, mais c’est surtout la remontée qui vous achève. La beauté est telle que nos peines sont vite oubliées, mais.....il faut aussi retourner à la voiture, ce qui nous prendra encore un peu plus que 2 heures. Finalement on y est et on se dépêche, tant bien que peut, pour arriver à Escalante avant la nuit, car je n’aime pas beaucoup conduire de nuit sur une piste. Notre compte ne marche pas vraiment, car à mi-chemin, nous tombons sur “un autostoppeur”. Comme on ne peut franchement pas laisser un être humain au milieu de cette “wilderness”, on s’arrête et on demande ce qu’il désire. Le problème est qu’il a sa voiture 10 km en arrière et qu’il désire la récupérer. Il l’avait laisse 2 jours avant pour descendre dans le Escalante-Canyon. Son compagnon s’est même légèrement foulé une cheville et nous ne pouvons décemment pas les laisser à leur sort. On rebrousse chemin - on trouve la voiture et nous repartons, mais il fait deja nuit. Finalement, on arrive quand-même à Escalante et nous partons pour un bon repas dans notre restaurant cowboy, puisque notre charmant cuisinier hongrois aux baises-mains nous a laissé tomber. C’est dans un cadre fort sympathique d’un restaurant tout simple que nous retrouvons nos deux “auto-stoppeurs” et avant de réaliser, nos verres de vins sont déjà payés pour nous remercier de les avoir “sauvés”. Que de simples, mais bons moments on peut vivre grâce à l’amour partagé de la nature. Chaque fois quand je suis dans la région d’Escalante, j’ai envie de partir vers le Peek-A-Boo ou Spooky Canyon et de faire découvrir le “Trou dans la roche” à d’autres personnes. Malheureusement, il faut avoir la voiture pour et aussi le temps, en plus d’être un bon marcheur. Par contre, je sais que j’y retournerai.

La route qui nous mène d’Escalante à Boulder est de toute beauté et pleine de surprises. Des vues spectaculaires à nous couper le souffle. Par moments, on se trouve au fond de la vallée et un instant plus tard sur la crête de la montagne. Je roule très doucement sur ces quelques 30 miles qui séparent Escalante de Boulder. Un, parce que j’ai fait un jour connaissance avec le sheriff du coin et j’ai eu beaucoup de peine à me défaire de lui et, ce n’était pas pour mes beaux yeux. Deux, à cause de la beauté de l’endroit. Il faut s’arrêter, admirer et rêver. Environs à mi-chemin, il y a une place de camping et un chemin qui mène au “Calf’s Creek”. C’est une très belle promenade d’environs 3-4 heures (aller-retour) et au bout, il y au une merveilleuse chute d’eau et un petit lac. Ne ratez pas de faire cette découverte un jour. Ensuite, à Boulder, il ne faut pas manquer le petit musée Anasazi, car à chaque fois, on apprend quelque chose. Ensuite, la route nous emmène, à travers une immense foret de trembles et de bouleaux en haut d’une montagne. J’ai fait cette route par tous les temps, mais souvent, avec la surprise de trouver de la neige, des congères et de la glace, car nous nous trouvons à plus que 3000 mètres. A mon premier passage avec ma fille, nous avons eu une vision formidable: une famille de grues royales traversait la route devant nous, pour disparaitre dans la forêt enneigée. C’est un de ces moments magiques que l’on n’oublie jamais et je regarde à chaque fois, mais je n’ai plus jamais revu ma famille de grues.

Après cette longue montée, une descente douce dans la roche rouge et blanche de Capitol Reef, un autre grand parc national.

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Published on e-Stories.org on 11/27/2018.

 
 

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